29360 CLOHARS-CARNOËT
L'Abbaye Notre-Dame de Carnoët ou Saint-Maurice de Carnoët est une ancienne abbaye cistercienne sur les bords de la Laïta en Clohars-Carnoët, dans le diocèse de Quimper, fondée entre 1170 et 1177 au cœur de la forêt de Carnoët. "La terre était hostile, marécageuse, envahie de serpents, parcourue par les loups …" a écrit son fondateur. Le site était toutefois bien choisi, desservi par la Laïta, fréquentée alors par des bateaux de 10 à 60 tonneaux avec des équipages comprenant jusqu'à 15 hommes qui remontaient jusqu'au port de Quimperlé et étaient obligés d'attendre à hauteur de l'abbaye l'inversion du flot en fonction de la marée. Contrairement à la plupart des abbayes cisterciennes, celle-ci ne s'établit donc pas dans un "désert", d'autant plus que le site se trouve aussi à 200 mètres de l'ancienne voie romaine allant d'Hennebont à Bannalec, qui était alors encore fréquentée.
Vers 1170 le duc Conan IV donna aux moines cisterciens de l'abbaye de Langonnet plusieurs villages situés à proximité de la forêt de Carnoët pour y établir une communauté. La charte de donation précise que "les religieux pourront, de la forêt, prendre tout le bois nécessaire à leur usage". Ils abuseront parfois de ce droit, par exemple en 1566 où ils abattirent une grande quantité de bois, destiné visiblement à être exporté, ce qui vaudra à l'abbé du moment d'être condamné par la justice royale à payer 2 600 livres de dommages et intérêts.
Maurice Duault de Croixanvec (futur Saint Maurice), alors abbé de l'abbaye de Langonnet, y fonda en 1177 près des rives de la Laïta une abbaye dénommée Notre-Dame de Carnoët, dont il fut l'abbé jusqu'à sa mort le 29 septembre 1191 à l'âge de 76 ans et qui fut deux ans après son décès inhumé dans l'église abbatiale. Un récit biographique fut rédigé par un de ses contemporains, anonyme et la "Vita secunda", fut rédigé ensuite par Guillaume, abbé de Carnoët entre 1323 et 1382. Ces écrits tracent le portrait d'un saint paysan, fidèle à ses origines modestes, même si c'est aussi un lettré qui connaît le latin. De nombreux miracles, concernant des enfants, des marins et des épileptiques, ont été attribués de son vivant et dans les décennies suivant sa mort à Maurice Duault.
L'abbaye prendra plus tard le nom d'abbaye Saint Maurice de Carnoët.
Pendant six siècles, des moines cisterciens vont faire vivre le domaine pour permettre une autarcie maximale en organisant l'espace autour de l'abbaye, reconstruite au XVIIe siècle, probablement sous le règne de l'abbé Guillaume Riou, à la tête de l'abbaye de 1616 à 1641, mais les destructions pendant la Terreur lors de la Révolution française vont dévaster l'abbaye, alors abandonnée. Le 10 janvier 1799 (21 nivôse an VII), une bande de chouans aux ordres de Jean François Edme Le Paige de Bar, pénètre dans l'abbaye Saint-Maurice de Carnoët et maltraitent un ancien religieux cistercien caché dans les bois, Julien Launay, ainsi qu'un domestique de l'abbaye.
Vendue comme bien national et devenue propriété privée, ses restes ont en partie servis de carrière, une partie étant transformée en château dans le courant du XIXe siècle. Lieu de repos pour l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, elle subit alors d'importantes destructions.
Fortement touchée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a été acquise, avec son domaine de 120 hectares, par le Conservatoire du littoral en 1991.
La chapelle capitulaire, vestige du XIIIe siècle, a été inscrite monument historique par arrêté du 2 mai 1956 ; l’ensemble des autres bâtiments et le site a été inscrit par arrêté du 8 août 1995.
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